Bouillet Servières
Sainte Foy
Vierge et Martyre

Deuxième partie
Conques

Chapitre II
L’église et le cloître

II. L’Église de Conques.

Nell’Indice generale, a p. 774, questa parte è indicata come sottocapitolo III dopo il n. II. L’Église de Conques.

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V. Le cloître.

De l’ancienne abbaye de Conques, il ne subsiste actuellement que des restes insignifiants, englobés dans les constructions du prieuré actuel, et encore ces restes ne remontent-ils pas au delà du xve siècle. La partie la plus importante est une chapelle située au sud-est de l’église. Dédiée aujourd’hui à Notre-Dame de Lourdes après avoir été sous le vocable de Notre-Dame du Rosaire, cet édifice était primitivement la chapelle abbatiale. De fines nervures en limitent les deux travées et montent jusqu’au sommet de la voûte; cette dernière a conservé des restes notables de peintures décoratives exécutées à la fin de la Renaissance et grossièrement refaites à une époque postérieure; elles ne sont pas sans intérêt, malgré la rudesse de leur exécution et leur mauvais état de conservation.

Le cloître de l’abbaye a subsisté en grande partie jusque vers l’année 1830. A cette époque il fut démoli de fond en comble, et l’architecte, chargé de cet acte de vandalisme, nommé Boissonnade, ne conserva que deux petites arcades qui se voient encore au pied de la tourelle qui flanque l’angle sud-est du transept méridional. Ces arcades semblent avoir flanqué une porte dont un des pieds-droits existe encore; elle donnait accès dans la petite place, dite la Placeite, sur laquelle s’ouvre la porte de la chapelle de Notre-Dame du Rosaire. La muraille dans laquelle étaient percées ces ouvertures se dirigeait ensuite en ligne droite vers le sud pour rejoindre, à angle droit, celle dont le mur actuel du jardin marque la place de ce côté. Sur la troisième muraille, à l’ouest, s’élève une des façades du presbytère actuel. Quant à la quatrième, il n’en subsiste que des substructions sous le mur de la façade nord du presbytère, et, plus loin, la partie inférieure du mur de la sacristie.

Autour du cloître s’élevaient les lieux réguliers de l’abbaye. Aucun vestige ne permet aujourd’hui de conjecturer quelle était primitivement leur distribution. Elle avait dû, dans la suite des siècles, subir bien des remaniements de /154/ détail, imposés par les nécessités du moment, et particulièrement par la sécularisation du monastère et sa mise en commende. Nous pouvons seulement, au moyen de notes précieuses (1), dire quel était, au moment de leur destruction, l’état des bâtiments subsistants, et en tirer quelques indices bien faibles au sujet de l’abbaye bénédictine.

Nul souvenir n’a été conservé des constructions qui s’élevaient à l’est du cloître. Au nord s’étendait la salle appelée alors le capitoul – peut-être sur l’emplacement de l’ancienne salle capitulaire (2) – qui passait pour la plus vaste salle de la contrée. A l’extrémité orientale de cette dernière, une autre salle, de forme carrée, était le grenier du chapitre, qui s’ouvrait à l’est. À l’autre bout du capitoul, au premier étage, se trouvait la maîtrise (3), bordée au midi par un balcon supporté par des piliers carrés. Le maître de musique habitait dans une chambre élevée sur la porte en pierre qui faisait partie des remparts et qui existe encore; elle est connue sous le nom de Porte de fer. Dans la ruelle qui conduit à cette dernière, se voit aujourd’hui un bassin-lavoir qui occupe la place d’où partait un escalier qui conduisait à la maîtrise; au sommet de cet escalier se trouvait un corridor au fond duquel une porte s’ouvrait dans le cloître. Sur le linteau de cette porte, conservé au musée dont nous parlerons tout à l’heure, sont gravés deux vers léonins ainsi disposés:

HAS BENEDIC VALVAS QVI MUNDUM REX BONE SALVAS ET NOS DE PORTIS SIMUL OMNES ERIPE MORTIS
154_HASBENEDIC(4)

On lit sur une autre pierre, qui sert de linteau à une porte du presbytère:

ISTE MAGISTRORUM LOCUS EST SIMUL ET PUERORUM
MITTUNT QVANDO VOLUNT HIC RES QUAS PERDERE NOLUNT
(5).

Ces deux inscriptions ont été gravées au xie siècle. La seconde, qui semble désigner un préau ou un vestiaire, permet de conclure qu’à cette époque reculée il existait dejà une école indépendante de l’abbaye.

Le presbytère portait, en 1830, le nom de doyenné, parce qu’il avait été la demeure du doyen du chapitre. Sa muraille orientale s’élève sur l’ancienne /155/ muraille du cloître, longtemps dissimulée par une large terrasse élevée contre elle. C’est en 1890 que cette dernière fut enlevée, et qu’on eut la grande surprise de retrouver une suite d’arcades, qui furent alors restaurées avec soin (1). Les piliers et les colonnettes qui supportent ces arcades, pour la plupart géminées, ont des chapiteaux d’un bon style. On voit encore dans les tympans des restes assez considérables de peintures décoratives. Ces débris précieux, qui datent du sssxiijje siècle, indiquent la présence, à cette époque, d’une ou plusieurs salles qui prenaient jour de ce côté sur la galerie du cloître et communiquaient avec elle.

A l’extrémité septentrionale de cette galerie subsistent quelques marches (2) de l’escalier qui donnait accès au dehors en face de la seconde travée de l’église. Il passe sous une arcade perpendiculaire à celles que nous venons de décrire, et la première d’une suite qui formait le côté intérieur de la galerie septentrionale du cloître. Trois seulement de ces arcades subsistent encore en partie, servant de substruction à ce côté du presbytère.

Cette galerie septentrionale n’était donc pas, contrairement à l’usage constant, appuyée coptre l’église, mais contre une bâtisse séparée de cette dernière par un passage (3) qui donnait accès à la porte percée dans le mur occidental du transept. Cette construction se continuait jusqu’à la tour d’escalier du transept, et on peut voir encore dans la sacristie actuelle la voûte d’arête de ces deux dernières travées, supportée par des colonnettes qui ont conservé leurs curieux chapiteaux. Le plancher de la sacristie coupe ces deux travées en deux étages. Au nord de la dernière, s’ouvrait un large escalier qui débouchait dans l’axe du transept, à l’intérieur de l’église. Toute cette construction s’éclairait sur la galerie septentrionale du cloître par une. suite d’arcades semblables à celles de la galerie occidentale et faisant suite au mur extérieur de la sacristie. Un croquis inséré dans l’ouvrage de Mérimée atteste que lors de sa visite à Conques, il existait des restes du mur de tond qui faisait suite à la muraille méridionale du transept; on y voit l’indication des contreforts qui séparaient les travées; on constate aussi que derrière ce mur s’appuyait une autre construction parallèle qui s’alignait sur la porte d’entrée de l’église.

La galerie qui entourait les quatre côtés du cloître était, sur tout son pourtour, couverte, comme il était d’usage à l’époque romane, non d’une voûte, mais d’une charpente apparente, portant une toiture disposée de façon à déverser les eaux pluviales dans l’aire intérieure. Cette charpente reposait, du côté /156/ extérieur, sur des corbeaux dont plusieurs sont restés en place dans le mur de la sacristie; du côté intérieur, elle était portée par des arcades qui reposaient sur de gracieuses colonnettes. Des fouilles récentes ont mis à jour les substructions du bahut sur lequel s’élevaient ces arcades. On a retrouvé aussi bon nombre des chapiteaux qui couronnaient les colonnettes; la plupart sont couverts de sculptures d’un excellent style et d’un travail soigné.

Au milieu du préau intérieur jaillissait, selon l’usage monastique, une fontaine d’eau limpide. La margelle d’assez grande dimension, qui l’entourait, était ornée de nombreuses colonnettes; on en a conservé les assises supérieures et inférieures; dans leur masse sont sculptés les chapiteaux et les bases de ces colonnettes, et rien ne serait plus facile que de reconstituer cet intéressant monument. Ces précieux fragments sont en serpentine verte, dont le grain très fin a permis au sculpteur de ciseler de délicats feuillages (1).

Le cloître de Conques formait un rectangle qui se rapprochait sensiblement du carré; les deux galeries les plus courtes avaient vingt-sept mètres de longueur; les deux autres ne mesuraient que deux mètres de plus. Leur largeur intérieure était de trois à quatre mètres.

Les arcades, découvertes en 1890, du côté occidental, éclairent une vaste salle qui s’étend sous la plus grande partie du presbytère actuel, aménagé dans l’ancien doyenné du chapitre. On a formé dans cette vaste salle un musée dejà considérable, en réunissant tout ce qui se découvre chaque jour dans le pays, et plus spécialement ce qui se rattache à l’abbaye de Conques. A ces souvenirs viennent se joindre de nombreux monuments du culte de sainte Foy. Cette collection, qui ne cesse de s’accroître, offre dès maintenant un réel intérêt. Sans prétendre en dresser le catalogue, disons rapidement qu’on y voit plus de cinquante chapiteaux provenant de l’ancien cloître; les remarquables débris de la vasque en serpentine dont nous avons parlé; de beaux manuscrits liturgiques de l’abbaye; des tapisseries que nous décrirons plus loin, et qui représentent des scènes de la vie et du martyre de notre sainte; de nombreuses statues; des débris de toute sorte trouvés dans les fouilles exécutées aux environs...

Torna su ↑

[Note a pag. 154]

(1) Ces notes ont été écrites le 12 octobre 1879 par M. l’abbé L. Servières, d’après les souvenirs de son regretté père, qui avait assisté à la démolition. Torna al testo ↑

(2) Nous croyons savoir que les chanoines avaient fait là leur réfectoire. Torna al testo ↑

(3) Un reste de terrasse, qui se voit encore au sud du presbytère actuel, est tout ce qui peut indiquer remplacement de ce local. Torna al testo ↑

(4) Bénissez cette porte, Roi miséricordieux qui sauvez le monde, et arrachez-nous aux portes de la mort. Torna al testo ↑

(5) Ce local est commun aux maîtres et aux enfants; ils y déposant à leur gré les objets qu’ils craignent de perdre. Torna al testo ↑

[Note a pag. 155]

(1) V. la gravure p. 87. Torna al testo ↑

(2) Ces marches, d’environ 2m50 de longueur, sont chacune d’une seule pièce. Torna al testo ↑

(3) D’après un plan bien imparfait conservé à Conques, et dessiné au siècle dernier, l’entrée de ce passage était pratiquée sous une maison appuyée à l’église, et habitée par le sacristain. Torna al testo ↑

[Note a pag. 156]

(1) Cette pierre, très dure et susceptible d’un beau poli, provenait apparemment du Puy de Volt ou Vol, aux environs de Firmy. Torna al testo ↑