Desjardins
Cartulaire de Conques

Introduction

/xiv/

Développement de l’abbaye.

Après la fondation de Figeac en 839, on ne trouve dans le cartulaire, pour toute la seconde moitié du ixe siècle, que deux donations: l’une dé l’église de La Bessenoits1 près de Conques, l’autre d’une métairie à Bauton2. A peine les reliques de sainte Foi sont-elles déposées dans l’église du monastère que les dons affluent de nouveau. Ils viennent des populations environnantes. Cependant on est étonné de rencontrer dejà, → Cart. 431 en 928, dans le cartulaire, une charte, datée de Gap et contenant l’offrande d’une vigne à Jarjayes (Hautes-Alpes). Comme, avant la fin du xe siècle, l’influence de l’abbaye ne paraît pas avoir dépassé l’Auvergne, le Rouergue et le Quercy, ce fait paraîtrait inexplicable, si l’on ne lisait dans → Cart. 550 une autre pièce provenant du même pays: est autem locus iste in episcopatu Gapecensi, in Romano itinere. C’est en se rendant au tombeau des Apôtres que les moines envoyèrent des pèlerins à sainte Foi; car cet hommage lointain s’adresse dejà exclusivement à elle: → Cart. 431 dono ad ecclesiam sancta Fides de Conchas pro luminaria vel sacrificium offerendum etc. De Gap, l’influence de Conques s’étendit plus tard dans cette région au Comtat-Venaissin, au Tricastin, aux comtés d’Orange et de Sisteron.

L’abbaye prenait pied, avant 1010, dans le diocèse d’Agde. A la fin du xe siècle, → Liber Miraculorum Ed. Bouillet I, 19 la comtesse de Toulouse, Arsinde, était venue à Conques et, en reconnaissance de grâces obtenues, avait déposé ses bracelets aux pieds de la statue de sainte Foi. Ses vassaux suivirent son exemple; au xiie siècle, l’abbé, dans l’ancien diocèse de Toulouse, comptait plus de trente églises sous sa dépendance. Pendant le règne de Robert, les moines de Conques s’établirent encore dans le Vivarais et le /xv/ comté de Narbonne. Du temps d’Henri Ier, leurs possessions gagnèrent le Limousin, l’Albigeois, et descendirent au midi jusqu’à Minorque. Mais c’est à l’abbé Etienne II qu’il était réservé de voir le plus beau triomphe de sainte Foi. Sous son gouvernement, les diocésains d’Agen qui avaient été dépouillés, on sait comment, par Ariviscus des reliques de leur compatriote, vinrent eux-mêmes la vénérer chez ses ravisseurs et appeler les moines de Conques dans l’Agenais. A la même époque, on donnait à ces derniers des églises dans le Bordelais, dans le diocèse de Dax et en Navarre1.

Sainte Foi s’en alla combattre contre les Maures sous la bannière des rois d’Aragon. L’évêquede Pampelune était alors Pierre d’Audouque (Tarn). Il avait été dès son enfance donné à l’abbaye par ses parents2. D’après ses conseils sans doute, Sanche Ramirez, au siège de Barbastro, promit, s’il prenait la ville, d’en livrer la plus grande mosquée aux moines de Conques pour y établir un prieuré. Victorieux, il tint parole, et confiant dans l’intercession de sainte Foi, il fit un vœu semblable en marchant contre Saragosse et Lérida3. Parmi les possessions de notre abbaye en Espagne, il faut citer l’église de Roncevaux qu’elle reçut, entre 1100 et 1114, de Sanche, comte de Erro.

Sous le successeur d’Etienne, Bégon III, Conques devint propriétaire dans le diocèse de Genève et en Alsace. Robert Fitz-Walter qui, en revenant de Rome, avait été délivré de captivité par l’intercession de sainte Foi, lui donna un prieuré en Angleterre dans le Norfolk. Le récit qu’il fit du miracle, dont il avait été l’objet, attira des Normands à Conques. Gautier Giffard, comte de Longueville, y vint, après 1107, avec une nombreuse suite de seigneurs. Presque en même temps, les comtes de Saulx-Tavannes en Bourgogne et les comtes de Blois et de Champagne enrichirent l’abbaye de leurs libéralités. Plus tard, je ne saurais /xvj/ dire à quelle époque, un diocésain de Verceil fondait → Pouillé del 1648 un prieuré à Cavagnolo qui est, depuis le xve siècle, dans le diocèse de Casal-Montferrat1.

Mais pour se rendre entièrement compte du retentissement qu’eut ce pèlerinage, il faudrait joindre à cet aperçu des propriétés de Conques une liste des innombrables églises qui furent mises, en France et à l’étranger, sous l’invocation de sainte Foi. Quelques-unes des plus considérables sont indiquées par les Bollandistes. Il est désirable que ce catalogue soit complété par les Prémontrés, que l’évêque de Rodez a appelés à relever l’antique monastère du Rouergue et qui ont entrepris d’écrire l’histoire de la dévotion à sainte Foi.

[Note a pag. xiv]

1. Com. de Firmy. Cartul., no 212. Torna al testo ↑

2. Com. de Séverac-le-Château. Cartul., no 153. Torna al testo ↑

[Note a pag. xv]

1. Voir plus bas l’état des domaines de Conques. Torna al testo ↑

2. Cartul., no 482. Torna al testo ↑

3. Gallia Christiana, t. I, Instr., p. 54. Torna al testo ↑

[Nota a pag. xvj]

1. Voir plus loin l’état des domaines. Torna al testo ↑